Claire Soubeyran était facteur et restaurateur de flûtes traversières et fabriquait ses instruments d’après des originaux des époques baroque, classique et romantique. Elle était bien connue dans le monde des professionnels de la musique et faisait partie de la dizaine de facteurs formant l’élite internationale (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Royaume-Uni, Suisse).

Après son apprentissage chez le facteur de flûtes à bec Claude Monin, de 1972 à 1976, Claire ouvrit son propre atelier à Paris pour se consacrer à la facture et à la restauration des flûtes traversières. En 1985, elle effectua six mois de recherche au National Museum of American History de la Smithsonian Institution aux États-Unis pour approfondir ses connaissances des procédés de restauration des instruments anciens. Peu de temps après son retour, en 1987, riche de sa nouvelle expérience et de nouveaux contacts, Claire déménagea à Boissy-l’Aillerie où elle ouvrit son second atelier dans lequel elle travailla jusqu’à son décès en 2018.

Claire fabriquait des flûtes traversières baroques, classiques et romantiques pour des flûtistes professionnels, des solistes et de très bons amateurs, et elle réalisait également des flûtes d’étude pour des élèves. Environ la moitié de sa clientèle était étrangère et elle travaillait essentiellement sur commande.

Sa production s’étendait des traverso à trois corps type Hotteterre du début de la période baroque jusqu’aux premières flûtes à système Boehm à perce conique des années 1838 (système de clefs pour les flûtes créé par Theobald Boehm qui facilite les doigtés grâce à un système d’anneaux mobiles). Dans les années 80, deux de ses modèles ont été choisis par la firme allemande Moeck qui les diffuse toujours sous une forme adaptée.

Claire se rendait  chaque année à trois salons professionnels en Allemagne, aux Pays-Bas et en France, dont le salon Musicora à Paris.

Au fil de son parcours, Claire a collaboré avec d’autres facteurs, notamment Jean-Luc Boudreau et Philippe Allain-Dupré, sans oublier Henri Gohin dont elle partagea l’atelier lors de son installation à Boissy-l’Aillerie.

Bien que Claire n’ait jamais eu d’apprentis officiels, un certain nombre de jeunes professionnels ont démarré avec elle, comme Agnès Guérou, devenue facteur de clarinettes, Irène Lerin qui alla travailler chez Adège, fabricant industriel français de flûtes à bec, ou encore Raphaël Beaudou et Olivier Riehl.

Claire était le facteur de solistes de renommée internationale comme Pierre Séchet, Petra Aminoff, Cordula Breuer, François Nicolet, Jari S. Puhakka, Jocelyn Daubigney, Alexis Kossenko, Penelope Evison, Maria Tecla Andreotti, Olivier Riehl, Thierry Mathias, Wilbert Hazelzet, Laurence Dean et Gérard Scharapan.

Ses flûtes étaient et sont encore utilisées dans de nombreux concerts et productions discographiques de divers ensembles comme l’Orchestre des Champs-Élysées, Les Musiciens du Louvre, Les Talens Lyriques, Les Arts Florissants, Pariser Quartett, le Concerto Köln ou Stradivaria.

Claire avait pour principe d’être autant à l’écoute de ses clients que des instruments qu’elle réglait minutieusement. Elle aimait travailler en étroite collaboration avec les flûtistes en améliorant constamment la qualité de ses flûtes pour mieux répondre à leur demande. Elle fut conseillée sur le travail de la sonorité des flûtes par certains flûtistes curieux et ouverts comme Gérard Scharapan, Penelope Evison et Pierre Séchet, avec lequel Claire fit une étude sur les perces en réalisant un tableau permettant de connaître l’influence de chaque endroit de la perce.